Je ressens la poterie comme un art surgi du quotidien, qui le fait vivre et respirer. Les bols et théières que je façonne en sont l’expression la plus simple, la plus pure. Un art révélé dans la vie de tous les jours.
Le BOL est le plus vieil objet de l’humanité. Le plus maternant, le plus accueillant, le plus universel, réceptacle noble par sa simplicité.
À la recherche d’un travail toujours plus pur, j’ai choisi la PORCELAINE, pour moi… la reine de la terre.
Sur chaque pièce, j’ai posé une EMPREINTE : trace imperturbable de mon passage dans des lieux chargés d’émotions, de joies simples, de découvertes familiales. Bouts de bois polis par les puissantes vagues de Point Reyes, cailloux ardents de la Death Valley, végétation séchée par les vents vigoureux de Big Sur, coquillage perdu de Mendocino, petite pierre cueillie au sommet de Corona Height à San Francisco… Empreintes primordiales, elles créent pour moi un enracinement durable dans une nouvelle vie, vie doublée par mon rivage méditerranéen que je n’oublie pas.
Dès que je commence à tourner, s’installe un jeu, une danse avec la matière, un équilibre qui parfois se transforme jusqu’à établir un dialogue. On se cherche.
Certaines pièces me parlent, d’autres se taisent, d’autres encore chuchotent puis se mettent à chanter. Parfois même, l’élément qui prend vie se met à exister pour lui-même. Je sais que mon bol est fini quand un dialogue est établi entre lui et moi.
Vient ensuite la pose de l’empreinte : moment délicat dans le façonnage. C’est un moment de grande fragilité, un moment de grande émotion, la touche finale et solennelle qui éclaire le bol.
Je recherche des formes de plus en plus épurées. Je joue avec l’ombre et la lumière, en exploitant la pureté et la transparence de la porcelaine, en quête de sobriété et de vitalité.
Quand c’est beau, c’est accompli, évident. »
Sylvie LORNE-ALAVOINE
(13480, Cabriès)